« La certitude est, pour ainsi dire, un ton de voix dans lequel on déclare comment sont les choses, mais on ne conclut pas de notre propre ton de voix qu’il est fondé. [… ] Celui qui voudrait douter de tout n’arriverait jamais au doute. Le jeu de douter présuppose lui-même la certitude. » Ludwig Wittgenstein, De la certitude (§30, §115)
« In the day-to-day trenches of adult life, there is actually no such thing as atheism. There is no such thing as not worshipping. Everybody worships. The only choice (...)
Débordements est une revue en ligne de cinéma (critique / recherche / traduction).
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Knock at the Cabin, M. Night Shyamalan
15 février, par Pierre Jendrysiak -
Ashkal, l’enquête de Tunis, Youssef Chebbi
8 février, par Florent Le DemazelLa magistrale réussite d’Ashkal tient en ce qu’il parvient à être tout à la fois un bon film de genre et un bon film politique. Soit un film policier qui traite moins de l’enquête en elle-même, mais de la place de la police dans son univers fictionnel, la Tunisie contemporaine. Le suspens inhérent à ce type de films vient alors, de plus en plus, du faisceau de tensions qui saturent le monde social, à commencer par ses deux protagonistes principaux.
Au lieu de l’archétype good cop / bad cop ou du vieux (...) -
La Montagne, Thomas Salvador
8 février, par Hugo KramerLa Montagne c’est avant tout une promesse. Celle de substituer au quotidien aseptisé une aventure intrépide. Une irrépressible pulsion pousse Pierre (Thomas Salvador), après un exposé commercial au pied du Mont Blanc, à prolonger son séjour. Ingénieur, il est venu présenter un bras robotique notamment capable de reproduire une trajectoire effectuée à vide. Le mouvement que lui a indiqué la main humaine s’inscrit dans sa mémoire, et il ne lui reste plus qu’à tournoyer. Mais le regard de Pierre s’absente, (...)
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Tár, Todd Field
8 février, par Barnabé Sauvage, Pierre JendrysiakSorti il y a plusieurs mois aux Etats-Unis et il y a deux semaines en France, le nouveau film de Todd Field n’a toujours pas fini de déclencher des discussions, des débats, des polémiques qui seront peut-être relancées par sa possible consécration aux Oscars dans quelques semaines. Il est rassurant, dans un monde post-COVID où le cinéma s’interroge et où les films semblent passer les uns après les autres et disparaître trop vite, de trouver un objet clivant, tordu, difficile à approcher : Tár est de (...)
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Débordements_17.pdf
8 février, par Occitane LacurieIl ne sera pas ici question du destin du cinéma, du destin des images, du destin de notre regard qui se perd dans l’obscurité proverbiale de la salle, où la subjectivité s’efface sous les assauts hypnotiques des visages qui s’étalent sur la toile, de l’aventure sensorielle de haute voltige que seul saurait procurer le velours élimé d’un fauteuil rouge et la promesse que quelque part, dans ce rayon de lumière au-dessus de nos tête, se cachent – parmi les grains de poussière en suspension dans l’air – les (...)
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Babylon, Damien Chazelle
1er février, par Florent Le DemazelUn éléphant juché sur un camion, coincé au milieu d’une côte un peu trop raide, ouvre grand ses sphincters et se vide sur la caméra – et accessoirement sur un factotum mettant ses dernières forces à pousser le véhicule. Il n’est pas difficile de voir dans cette scène un condensé de Babylon tout entier, qui déverse sur son spectateur tout au long de ses trois heures d’hystérie cocaïnée tous les fluides imaginables : pisse, sang, sueur, et autres douches d’alcool et de dégueulis. C’est qu’à travers ces (...)
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Grand Marin, Dinara Drukarova
1er février, par Lucie GarçonSac et blouson sur le dos, Lili se pointe sur un port de pèche islandais et interpelle les capitaines de chalutiers : elle souhaite rejoindre un équipage. Elle n’a aucune expérience de la pêche en mer. La jeune femme ne semble pas rouler sur l’or, mais elle pourrait chercher un autre boulot (c’est ce qu’un premier marin, railleur, lui suggère) : à première vue, son gabarit ne la prédispose pas vraiment aux quarts de nuit, au relevage des chaluts, à l’éventration de milliers de poissons sur un bateau (...)
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Des États généraux à Diagonale, l’utopie concrète de Paul Vecchiali
26 janvier, par Élias HérodyAprès l’annonce du décès de Paul Vecchiali le mercredi 18 janvier 2023, nous rendons aussi hommage à un réalisateur qui a toujours clamé son indépendance. Cinéaste du mélodrame, Paul Vecchiali était pourtant familier des plus grandes actrices du cinéma français qui lui faisaient l’amitié d’apparaître régulièrement dans ses films. Paul Vecchiali a aussi fondé plusieurs maisons de production pour financer ses films et ceux des autres. La conception singulière du rôle de producteur est décrite dans le projet que (...)
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Tout est son contraire
26 janvier, par Pierre JendrysiakPaul Vecchiali est mort mercredi 18 janvier à l’âge de 92 ans. Il était l’auteur de plus d’une cinquantaine de titres, producteur de presque tous ses films, et l’un des personnages les plus singuliers du cinéma français, anarchiste et aristocrate, généreux au fort caractère, moderne fasciné par le cinéma des années 30, parfois écrivain, monteur, acteur, parolier. Surtout, totalement libre.
En 2018 ou 2019, je découvrais Trous de mémoire de Paul Vecchiali, seul chez moi. Avec un projecteur, je regarde le (...) -
Festival Lumière 2022
26 janvier, par Amélie Gonin, Bathilde Boutin, Circé Faure, Emma Bernal, Fanny Villaudière, Johanna Pataud, Jules Conchy, Lili Ithurralde, Lucie Lambert, Mozhde Salehi, Nicolas Dargelos-Descoubez, Thomas Bingham, Tristan ChiffoleauDu Festival Lumière qui s’est tenu du 15 au 23 octobre se seront dégagées des voix et regards féminins. Après Joan Micklin Silver et Kinuyo Tanaka l’an dernier, c’était au tour de la suédoise Mai Zetterling d’être mise à l’honneur dans le cadre d’une « Histoire permanente des femmes cinéastes » qui s’affirme d’année en année comme un moment incontournable. Mais il invitait aussi à redécouvrir l’oeuvre récémment restaurée d’une femme connue de tous mais dont les réalisations personnelles demeurent dans l’ombre, (...)