Juste sous vos yeux se terminait sur une promesse non tenue. Au réveil, son héroïne recevait un message vocal du cinéaste rencontré la veille, dans lequel il revenait sur sa proposition de tourner avec elle un court-métrage. La Romancière, le film et le heureux hasard résout, par la complicité de ses protagonistes féminins, ce désir fictionnel resté lettre morte. Pour ce faire, Hong délègue in fine à Junhee, romancière en mal d’inspiration, une partie de la mise en scène. Il faut remonter aux Amours (...)
Débordements est une revue en ligne de cinéma (critique / recherche / traduction).
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La Romancière, le film et le heureux hasard, Hong Sangsoo
22 mars, par Hugo Kramer -
Nan Goldin, l’invention de la biographie
22 mars, par Emilie NotérisParler d’histoire de vie, c’est présupposer au moins, et ce n’est pas rien, que la vie est une histoire […]. – Pierre Bourdieu, L’Illusion biographique, 1986
Que les voisins surtout ne l’apprennent pas. Ou même les enfants. Récrivez l’histoire immédiatement. Avant qu’elle soit écrite. – Nan Goldin, 2004
Après avoir visionné à deux reprises Toute la beauté et le sang versé, j’ai ouvert un fichier word pour noter en titre : « Nan Goldin, L’invention de la biographie » ; comme une amorce. M’étaient restées les (...) -
Superpower, Sean Penn
15 mars, par Coline Rousteau, Zoé FouquoireLa Berlinale a programmé le nouveau film de Sean Penn et Aaron Kaufman le 20 février 2023 en avant-première internationale, à quelques jours du premier anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine. À cette occasion, carte blanche a été donnée à Sean Penn. Superpower, présenté comme un film politique engagé et critique, vise à convaincre l’opinion publique internationale de la nécessité absolue d’une montée en puissance de la militarisation de l’Ukraine, en défendant notamment la nécessité de (...)
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Débordements_18.pdf
8 mars, par Pierre JendrysiakLa petite magie
Il y a des périodes où les préoccupations du cinéma et celles de la société divergent tellement que la rédaction d’un édito devient difficile. Ce n’est pas que les sorties étaient peu inspirantes (la taille de notre rubrique critique témoigne du contraire), ni que l’enthousiasme du mois dernier s’est tari – seulement, ce sont d’autres images qui nous ont inspiré·e·s.
Dans les salles, il est question de magie et de croyance. Chez les américains, c’est un cinéma auquel on attribue des pouvoirs (...) -
Sjöström, le voleur de laine et les évangélistes du champ-contrechamp
8 mars, par Lucie Garçon1.
Le premier raccord des Proscrits du cinéaste suédois Victor Sjöström est un champ-contrechamp. Nous sommes en 1918, ce type de découpage commence à se répandre : on en trouve depuis quelques années chez Reginald Barker, Ralph Ince et Cecil B. DeMille. Mais David W. Griffith, lui, fait toujours un peu de résistance : il n’était pas encore devenu parfaitement anodin, pour tout un chacun, de retourner la caméra vers ce qu’il pût y avoir dans son dos.
Le champ-contrechamp introductif des Proscrits (...) -
La Grande magie, Noémie Lvovsky
1er mars, par Hugo KramerUn des numéros d’Albert (Sergio López), plus escroc qu’illusionniste, consiste à faire disparaître un canari en lui tirant dessus. Lorsque retentit le coup de revolver, le voile sur sa cage tombe et nous révèle son évaporation. La supercherie réside dans la présence d’un double-fond, dont le son du déclic est recouvert par celui de la détonation. Dans cet intervalle, la trappe s’ouvre et l’enferme sous le plancher. Quand Albert démonte la cage, on découvre que le volatile, faute de place, a implosé dans (...)
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Goutte d’or, Clément Cogitore
1er mars, par Pierre JendrysiakGoutte d’or s’ouvre de manière impressionnante : une femme se rend dans un cabinet de voyance afin de communiquer avec une proche disparue. Elle passe de salle d’attente en salle d’attente, laisse ses effets personnels à une secrétaire, puis rentre dans une pièce quasiment vide, où on lui demande de s’asseoir et de tenir devant elle une photographie de la défunte. Alors qu’elle patiente dans le silence, Ramsès (Karim Leklou) entre, s’assoit sur un tabouret, le regard fuyant, le corps prostré, dans une (...)
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Philippe Faucon
1er mars, par Florent Le Demazel, Romain LefebvreAvec Les Harkis, sorti à l’automne dernier en salles et la semaine dernière en DVD, Philippe Faucon revient à la Guerre d’Algérie, qui s’apparente de plus en plus à une scène matricielle pour son œuvre et les divisions qu’elle ausculte. Avec la finesse et la sobriété qui le caractérisent, le cinéaste dépeint une communauté hétérogène, dont les membres obéissent à des motivations et des aspirations variées, loin de tout manichéisme. Après notre rencontre pour le premier numéro papier de Débordements, l’occasion (...)
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Audrey et Maxime Jean-Baptiste
22 février, par Occitane Lacurie et Barnabé SauvageLa sélection courts-métrages documentaires des Césars, ranimée en 2022 après une fermeture qui a duré depuis 1991, produit un contraste saisissant avec les fictions longues de la compétition pailletée. Ouverte aux expérimentations formelles, aux questionnements politiques et à la jeune création, elle compte parmi les films choisis plusieurs raisons de se réjouir de sa réouverture. Écoutez le battement de nos images d’Audrey et Maxime Jean-Baptiste en fait partie. Les deux cinéastes, frère et sœur, (...)
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D’un spectateur l’autre
22 février, par Théo Charrière§ 1. Médiations
C’est une scène comique de The Fabelmans : la première petite amie de Sammy, idolâtre du Christ, va le convoquer en prière pour supporter le poids d’un premier échange amoureux. La séquence se construit ainsi sur un enchaînement de blasphèmes visuels (l’intégration, par l’effet d’un zoom arrière, des figures du Christ dans une série de portraits de chanteurs, la brève confusion entre entrée en prière et fellation, etc.) qui tendent à faire du Christ non le visage visible du Fils comme le (...)
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