Basta

Ugo Ulive, 1969

par ,
le 17 janvier 2016

“L’avènement d’une société libre serait caractérisé par la transformation du bien-être toujours croissant en une qualité radicalement nouvelle de l’existence. Ce changement qualitatif devrait se produire dans les besoins de l’homme, dans son infrastructure (elle-même partie intégrante de l’infrastructure sociale) : les nouvelles institutions, les nouveaux rapports de production et leur orientation nouvelle devraient exprimer ce renouvellement des besoins et des satisfactions, cette différence, cette franche opposition même, par rapport aux sociétés d’exploitation. Ce changement, tenu en échec tout au long de l’histoire de la société de classes, fournirait un fondement instinctuel à l’avènement de la liberté : celle-ci deviendrait le milieu ambiant d’un organisme désormais incapable de soutenir cette compétition dont la domination a fait la condition du bien-être, incapable de supporter l’agressivité, la brutalité et la laideur du mode de vie établi. La révolte prendrait ainsi racine dans la nature profonde de l’individu, dans sa “biologie”, et sur ces bases nouvelles les rebelles pourraient redéfinir la stratégie et les buts de la lutte politique, seul contexte où l’on puisse assigner des objectifs concrets à l’entreprise de libération.”

Herbert Marcuse, Vers la libération